NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2018
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Par Marc-André Théorêt
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mat@notairestheoret.comVOYAGES ET ESCAPADES
Bien planifier et réussir son voyage-vacances
À partir du moment où l’on détient son brevet de pilote, on acquiert
de facto
le privilège d’avoir la possibilité de parcourir de longues distances en un temps
relativement plus court qu’en utilisant l’automobile. Je dis relativement car
nombreux commenteront :
l’aviation privée est un moyen de transport rapide
pour les gens peu pressés!
Vrai en partie, car une bonne planification, avec toutefois cer-
taines réserves, permet vraiment d’exploiter au maximum les
heures de loisirs dont nous disposons pour parcourir en un
laps de temps inaccessible jusqu’alors des trajets impensa-
bles en voiture, transport routier ou autre.
Depuis ma toute première chronique dans ce magazine,
je planifiais rédiger un texte exposant les préparatifs essen-
tiels à la réalisation de vols agréables, sécuritaires et enrichis-
sants. Ce qui suit constitue donc le sommaire de mon
expérience acquise au fil de nombreux voyages, la plupart du
temps agréables et d’autres un peu moins. Somme toute,
l’expérience du vécu est sans pareille et m’a conduit à établir
un protocole de planification dont je vous expose l’essentiel
dans ce numéro.
Que vous soyez donc propriétaire de votre appareil, d’une
part dans un avion d’un bloc d’heures ou si vous louez celui-
ci, vous rêvez tous un jour d’horizons lointains, qu’ils se trou-
vent aux confins du Québec, dans les Maritimes, sur la côte
est américaine, à New York, en Floride, aux Bahamas, et j’en
passe… Y penser nous fait rêver! Mais contrairement à une
planification reposant sur un déplacement en voiture ou sur
les lignes aériennes, il peut s’avérer problématique et labo-
rieux de déterminer une date bien à l’avance.
Voyons ici quels sont les éléments à considérer lorsque l’on
envisage un voyage échelonné sur cinq jours et plus.
Les éléments majeurs liés à une bonne planification d’un
pareil voyage sont, à mon avis : l’avion, le pilote, la destination
et, évidemment, la météo…
L’avion
Peu importe l’avion utilisé, celui-ci doit évidemment disposer
d’un certificat de navigabilité en vigueur et être en bon état
de vol, à savoir qu’il n’existe aucun motif de croire que sa mé-
canique ou son avionique nécessite à court terme une main-
tenance.
Sur ce point, il faudrait éviter de l’utiliser pour un vol-voyage
de plusieurs heures loin de chez soi, au cours des 2 à 3 heures
qui suivent son inspection annuelle ou autre maintenance
majeure (remplacement de cylindres, de magnétos etc.).
Les statistiques démontrent qu’un nombre appréciable d’in-
cidents attribuables à un oubli mécanique ou encore à un
dommage par inadvertance causé lors de l’inspection par le
mécanicien (mechanical induced failure) surviennent peu de
temps après de pareilles interventions intrusives.
Assurez-vous de plus d’emporter à bord une trousse de sur-
vie de base dont la composition sera déterminée par votre
destination. Si votre parcours vous conduit à survoler des
zones inhospitalières, par exemple des montagnes ou de
larges étendues d’eau, vous prendrez soin de transporter un
éventail de produits qui vous permettront à la fois d’être re-
péré rapidement et de survivre quelques jours adéquate-
ment. On peut composer soi-même sa trousse ou encore s’en
procurer une sur le web.
Apportez également des attaches (tie-downs) de sol si votre
aéroport de destination n’est pas desservi par un FBO; je vous
suggère également d’emporter quelques outils de base et au
moins un à deux litres d’huile à moteur. Si possible et acces-
sible, achetez ou empruntez un PLB (de type In Reach ou
Garmin). Son usage pourrait se révéler inestimable advenant
le pire des scénarios…
La destination
Choisissez votre destination à la lumière de votre degré de
confort de l’environnement de la piste que vous sélectionne-
rez; on ne se prépare pas de la même façon si l’on va à
Bonaventure, à Bar Harbor ou à New York… Si vous hésitez,
faites-vous accompagner par un pilote de plus grande expé-
rience, au moins la première fois, histoire de vous sécuriser
et d’apprendre.
Inutile, par exemple, de vous souligner que les destinations
situées sur la côte est des États-Unis sont souvent prisées par
la communauté des pilotes et que le trafic peut s’y avérer in-
tense. Une connaissance moyenne à approfondie des commu-
nications radio est recommandée et votre anglais parlé et
compris doit être sans équivoque. À KBHB (Bar Harbor), où
je vais chaque année, pour n’en citer qu’un, les week-ends
d’été sont achalandés et il n’est pas rare que les deux pistes
de cet aéroport soient en usage simultané, et ce, bien qu’il n’y
ait pas de tour de contrôle. Il est donc bien important de
visualiser mentalement votre approche de cet aéroport avant
d’y arriver et, en plus, d’exercer une vigilance constante à
la radio et à la vue pour bien localiser tout trafic potentielle-
ment conflictuel. Évidemment, disposer d’un TCAS est
un atout!