Recherches et reportage : Martin Cormier
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marcor@live.caPORTRAIT
Bertrand Godin
Valeureux pilote de course et très grand passionné d'aviation
(partie 2)
Le magazine
Aviation
ne fut pas en reste pour prolonger
le plaisir qu'il a eu de s'entretenir dans une première
édition avec M. Bertrand Godin, ce pilote émérite autant
en course automobile qu'en aviation. L'homme est géné-
reux et il partage volontiers sa vision et des parallèles
entre ces deux mondes.
Préambule :
Certaines personnes me demandent s'il y a une
grande différence entre le pilotage en course automobile et
celui en avion. Malgré mes 200 heures d’expérience en pilo-
tage d’avions, je dirais qu’il n’y a pas de différence. Je dirais
que piloter sur une piste ou dans les airs, c’est la même
approche.
Magazine Aviation : Quelles ont été vos premières
embûches?
Bertrand Godin :
Avoir cette chance de me trouver derrière
un volant ou des commandes, c’est un privilège et une
grande motivation. Au début de ma carrière, j’avais l’impres-
sion d’être en exploration de certaines limites. Mais j'ai dû
faire attention, car cette motivation n’a pas toujours été
contrôlée. Quand j’ai eu ma première voiture, j’ai voulu im-
pressionner un copain. À 170 km/h, j’ai perdu le contrôle
dans un virage et j'ai percuté le fossé pour complètement dé-
truire mon nouveau bolide. Cette motivation n’était pas la
bonne. Par miracle, nous n'avons eu que des courbatures.
M.A. :
Quelle est votre philosophie sur le pilotage?
B.G. :
Quand j’ai commencé à piloter un avion, mon approche
a changé. Le sport automobile m’avait appris le respect que
l’on doit avoir avec une activité à risques. Vivre sa passion,
c'est bien, mais pas à n’importe quel prix. Dans une voiture
de course ou dans un avion, j’ai un immense respect. Je sais
que par mon attitude, je peux faire la différence. Ça com-
mence bien avant d’être derrière un volant de voiture ou de
commandes d'avion. Que ce soit pour le bolide, la piste, les
conditions climatiques ou sur soi-même, on doit toujours
chercher à apprendre, à être en contrôle.
M.A. :
Parlez-nous de similitudes entre un départ de course
et celui d'un avion…
B.G. :
Sur un circuit, rien n’est laissé au hasard. Nous avons
des réunions avec des ingénieurs pour parler de stratégies,
de modifications apportées à la voiture ou sur les pièges de
la piste. J’ai eu la chance de rencontrer des gens très profes-
sionnels, tel M. Claude Rouelle, ingénieur en Indy Light, qui
m'a appris que la chance dans la vie, c’est la préparation qui
rencontre l’occasion. En aviation, j’ai la même approche.
Avant chaque vol, j’essaie de mettre beaucoup de rigueur
dans la préparation, que ce soit pour la navigation, la masse,
le centrage, l’inspection et tout ce qui regarde l’avion.
Observer si tout est normal, c'est vital.
M.A. :
Selon vous, quelles sont les similitudes ou différences
entre la conduite automobile et le pilotage d'avions?
B.G. :
Pour moi, dès que je mets mon casque pour l'auto ou
pour l’avion, je deviens une pièce de l’appareil. Je ne m’ap-
partiens plus. Mon esprit et mon corps sont à l’écoute de
tous les détails qui m’amènent à prendre des décisions. Je le
ressens davantage dans les phases de décollage et d’atterris-
sage ou pendant les situations où je sors de ma zone de
confort. Une attention constante et une concentration
extrême sont exigées quoiqu'une différence importante l'est
à cause du temps. En course automobile, c’est d'une durée
de 2 heures, à la limite des capacités de la voiture, dans son
environnement. En avion, la situation peut changer radicale-
JUILLET / AOÛT 2018
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St-Hyacinthe, 2018, le reporter Martin Cormier
et Bertrand Godin.
Photo : Bertrand Godin
St-Hyacinthe, 2018, Bertrand Godin avec un Cessna
d’Aviation D.M.. inc.
Photo : Martin Cormier