ENJEUX
JUILLET / AOÛT 2018
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Le dernier article que j’ai signé dans ce magazine portait
sur l’absence de solutions miracles pour combler la pé-
nurie de pilotes. Malheureusement, plusieurs obstacles
se dressent toujours sur le chemin du succès dans cette
situation devenue critique pour les industries cana-
dienne et mondiale du transport aérien. Le groupe de
travail créé par l’ATAC en mai 2017 a identifié les princi-
paux problèmes et s’acharne à développer des pistes de
solution. Évidemment, un groupe de travail n’était pas
nécessaire pour conclure que le coût élevé de la forma-
tion au pilotage et le manque d'accès au financement
sont des obstacles majeurs à nos efforts de recrutement
et écartent de nombreux candidats. Le défi du groupe de
travail est plutôt de formuler des solutions viables. À cet
égard, l'ATAC, en collaboration avec des partenaires de
l'industrie et du secteur financier, travaille sur une
gamme de solutions novatrices de financement de la
formation d'un élève-pilote jusqu'à un niveau d’employa-
bilité.
Une solution de financement globale est importante non seu-
lement pour augmenter le nombre de pilotes professionnels
qui entrent sur le marché du travail, mais aussi pour s'assurer
que tous ceux et celles qui ont la passion et le talent requis
pour devenir pilotes puissent réaliser leur rêve, plutôt que
seulement les mieux nantis. L'Europe et les États-Unis offrent
déjà des solutions de financement total pour les élèves-pi-
lotes et il est grand temps que le Canada suive le pas. Nous
étudions tous les outils développés ailleurs pour voir si des
versions canadiennes seraient possibles. Or, dans presque
tous ces cas, il s’agit d’un effort concerté de plusieurs parte-
naires, incluant l’industrie, les institutions financières et les
gouvernements.
En raison de l’importance du financement nécessaire, les so-
lutions de financement total seront vraisemblablement axées
sur des prêts plutôt que des bourses ou subventions. Mais ces
dernières devraient également jouer un rôle, surtout lorsque
les besoins de notre marché s'alignent sur les priorités du
gouvernement en matière d'inclusivité et d'innovation, ou
pour assurer certains services essentiels, et ce, particulière-
ment en régions éloignées.
Le défi est double. Il faut d’abord convaincre les institutions
financières de s’impliquer dans la formation au pilotage.
Deuxièmement, il faut convaincre les gouvernements de s’en-
gager afin de permettre des taux d’emprunt qui inciteraient
les jeunes à s’engager. Malheureusement, le fait que la forma-
tion au pilotage n’est généralement pas donnée dans le cadre
d’un programme collégial élimine pratiquement son admissi-
bilité aux programmes de prêts et bourses provinciaux. Il est
cependant plus facile d’amender les programmes gouverne-
mentaux existants pour inclure la formation au pilotage que
de développer de nouveaux programmes, compte tenu de
toutes les étapes interminables et parfois insurmontables
qu’exige la mise en place de nouveaux programmes.
Par exemple, le Programme d'apprentissage intégré en milieu
de travail pour étudiants est un programme fédéral qui aide
les étudiants de niveau post-secondaire en sciences, en tech-
nologie, en génie, en mathématiques et en programmes d'af-
faires à acquérir l'expérience de travail dont ils ont besoin
pour se préparer à l'emploi dans ces domaines à forte de-
mande. Ce programme n'appuie pas actuellement la forma-
tion au pilotage. Toutefois, l'ATAC a avancé une proposition
qui permettrait de financer en partie la formation des étu-
diants de l'aviation désireux de compléter une qualification
d’instructeur ou de vol sur flottes. La prochaine étape vers
l'approbation de cette proposition est de démontrer qu'il y a
suffisamment d'intérêt pour justifier les modifications néces-
saires.
Les unités de formation au pilotage de l'Ontario peuvent éga-
lement profiter de la subvention d'emploi Canada-Ontario qui
accorde jusqu'à 10000 $ par personne pour les frais de for-
mation pour instructeurs. Le hic est que la formation doit être
faite par une tierce partie, ce qui oblige l'étudiant à obtenir
cette formation d’instructeur dans une autre école pour
ensuite revenir chez son employeur.
Compte tenu de leur rôle essentiel en cette période de pénu-
rie, les instructeurs au pilotage méritent des considérations
spéciales, tant au niveau du financement de leur formation et
qualification d’instructeur que par les transporteurs dans
leurs pratiques d’embauche. Le recrutement massif et irréflé-
chi par des transporteurs des instructeurs d’expérience est
suicidaire pour notre industrie. Cette pratique insensée et
présente dans plusieurs pays se compare à celle du fermier
qui vend son équipement de traite pour acheter plus de
vaches.
Une suggestion formulée récemment est d’accorder aux ins-
tructeurs un congé de remboursement de la dette associée à
leur formation tant qu’ils seront instructeurs à temps plein
ou pour au maximum cinq ans, selon la première échéance.
Une autre option serait de transformer une partie de cette
dette en subvention au prorata des années de travail à titre
d’instructeur. Cette dernière proposition nécessiterait l’appui
d’un programme gouvernemental.
Le groupe de travail continue d’élaborer et mettre en place
des solutions viables. Nous vous invitons à partager vos idées
qui aideraient notre industrie à surmonter cette sérieuse pé-
nurie de pilotes qui pourrait vraisemblablement perdurer
pendant encore une décennie. •
Financer l'avenir de l'aviation
Par John McKenna
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jmckenna@atac.ca