SEPTEMBRE / OCTOBRE 2019
13
P
remièrement, qu’est-ce
qui peut charger un ap-
pare i l d ’ é l ec t r i c i té s t a -
tique? En fait, l’air peut
lui-même créer de l’électri-
cité statique, mais à un ni-
veau beaucoup plus bas
que celui d’un nuage rem-
pli d’eau et d’électricité ou
même de la neige. Il existe
d’autres facteurs qui sont
moins présents ici, mais
qui sont quand même des
sources importantes d’élec-
tricité statique, comme la poussière, le sable et les cen-
dres volcaniques. Cette électricité, une fois emmagasinée
sur votre appareil, peut atteindre une tension de l’ordre
de 100 000 à 200 000 volts (ce qui varie, bien sûr, en fonc-
tion du type d’appareil et de sa vitesse).
Cette énergie se situe en fréquence, tout près de la bande
VHF (Very High Frequency). Eh oui, la même que vos ra-
dios de communication et de navigation. Donc, si cette
électricité n’est pas dissoute dans l’air rapidement, elle
risque de créer des problèmes comme une dégradation
importante ou quasi complète de la réception de vos ra-
dios. Elle pourrait même dégrader la qualité de votre ins-
trument de navigation VOR/ILS. C’est pourquoi nos amis
ingénieurs ont inventé les dissipateurs d’électricité sta-
tique (static dischargers). Cette petite tige, attachée à di-
vers endroits stratégiques sur un appareil, qui diffère
d’un appareil à l’autre, sert en réalité à créer un passage
pour toute cette énergie afin qu’elle retourne dans l’air
en douceur. Autrement dit, c’est un peu comme si vous
vous frottiez les pieds sur un tapis pendant quelques se-
condes et qu’ensuite vous touchiez votre ami près de
vous qui, lui, a les pieds au sol. Il y aura une décharge ra-
pide qui vous pincera un peu, vous et votre ami.
Cependant, si vous faisiez la même chose, mais cette fois-
ci en touchant à votre ami pendant que vous vous frottez
les pieds sur le tapis, il n’y aurait pas de choc statique,
car vous vous déchargeriez en même temps que vous
vous chargeriez. Alors, c’est un peu le rôle du dissipateur
de statique, sans lequel l’avion finirait par se décharger,
créant des bruits et de l’interférence en continu.
Certes, tout cela ne date pas d’hier. Plusieurs spécialistes
ont fait des études à ce sujet, surtout depuis l’arrivée du
composite, ce matériau non conducteur qui doit avoir des
propriétés conductrices à cause de cette électricité dans
l’air. Les moyens utilisés pour écouler cette énergie sont
en utilisant de la peinture conductrice ou en y intégrant
un matériau conducteur à l’intérieur du matériel.
Pour terminer, je voudrais vous faire part d’un problème
auquel nous avons dû faire face et qui était certainement
lié à la statique, car les symptômes observés étaient des
« grichements » sévères qui rendaient les communica-
tions inaudibles lors de vols dans les nuages ou de condi-
tions de givre. Nous avions fait presque tout ce que le
manufacturier nous demandait de faire afin de tester les
dispositifs de décharge statique, sauf pour un endroit, qui
était devenu invisible, car l’appareil avait été repeinturé.
Lors de la peinture, la surface de vol en composite où
étaient installés les dissipateurs de statique, l’endroit où
ils devaient être installés, avait disparu. Après plusieurs
heures de travail et de recherche, nous avons finalement
résolu le problème qui avait pour cause l’électricité sta-
tique.
Q
AVIONIQUE
Problème de statique?
Par Dominic Cayouette
|
Technicien en avionique | Photos / Source :
http://www.uasc.com/home/library/imagesVous avez probablement déjà remarqué ces petites tiges attachées sur les bouts
d’aile ou près de la queue d’un appareil, mais à quoi servent-elles réellement?
Dans cette chronique, j’aimerais vous faire part d’une expérience que nous avons
eue à ce sujet, mais aussi expliquer ce phénomène et quel genre de problème
il peut occasionner.