SEPTEMBRE / OCTOBRE 2019
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OPINION
Lettre conjointe aux chefs des partis politiques fédéraux
L
e 7 mai dernier, les présidents de six associations natio-
nales du secteur du transport aérien ont conjointement
adressé une lettre aux chefs des principaux partis politiques
fédéraux concernant l’importante pénurie de main-d’œuvre
dans le secteur de l’aviation au Canada.
Avant même la Confédération, les Canadiens assuraient le
transport de biens et de passagers sur de longues distances et
dans des conditions hostiles. Ces défis ont aidé notre pays à
devenir ce qu’il est aujourd’hui. De l’époque où l’on se dépla-
çait en canot jusqu’à la Confédération et l’achèvement du che-
min de fer du Canadien Pacifique, le Canada a toujours
dépendu du transport pour unir le pays, relier des marchés
éloignés et rapprocher les gens et les familles.
Depuis toujours, on cherche à rendre le transport plus simple,
plus efficace et plus sécuritaire. C’est pourquoi lorsque le
transport aérien est né, il a vite trouvé un port d’attache au
Canada. S’il fut un temps où l’on dépendait des chemins de fer
pour relier le pays d’un océan à l’autre, l’aviation a permis
d’étendre encore plus ces liens et de relier l’Est et l’Ouest, le
Nord et le Sud, et de rendre possible le transport international
des passagers. Dans notre vaste pays peu peuplé, nous sommes
fortement tributaires du transport. Aujourd’hui, le transport,
qui se fait principalement par voie aérienne, favorise nos li-
bertés et possibilités économiques comme jamais auparavant.
Pourtant, en dépit de toutes ses réussites, l’aviation cana-
dienne est en proie à de fortes turbulences : taxes et frais de
tiers, nouvelles exigences réglementaires et pénurie de main-
d’œuvre croissante. Notre secteur fait face à des difficultés
dont la solution repose sur un partenariat avec les gouverne-
ments.
Le problème le plus pressant qui touche le plus grand segment
de l’industrie est la pénurie de main-d’œuvre sans précédent.
Dans le monde entier, on s’accorde de plus en plus à dire que
le transport aérien poursuivra son expansion, ce qui se tra-
duira par une hausse du besoin en équipages et en personnel
d’entretien partout sur la planète. Au Canada, dans toutes les
catégories d’emploi, comme les pilotes, les mécaniciens et tech-
niciens d’entretien, les agents de bord, les contrôleurs de trafic
aérien, les préposés à l’aire de trafic d’aéroport et autres, la
pénurie de candidats compétents devrait avoisiner les 18000
d’ici 2025. La demande en pilotes expérimentés dépasse déjà
l’offre nationale et on s’attend à ce que la pénurie atteigne
près de 6000 pilotes d’ici 2025. Par ailleurs, l’industrie aura
de plus en plus besoin de mécaniciens d’entretien d’aéronefs
expérimentés; selon les prévisions, il faudra embaucher 5300
employés d’entretien d’aéronefs d’ici 2025 si l’on veut suivre
le rythme de la croissance et faire face à l’attrition.
Le Canada doit immédiatement former davantage de travail-
leurs qualifiés dans le domaine de l’aéronautique pour faire
face à la demande nationale et pour livrer concurrence sur le
marché mondial. Une politique nationale de la main-d’œuvre
du secteur de l’aviation pour faire face à cette pénurie et as-
surer la viabilité de notre industrie se fait attendre depuis trop
longtemps. C’est pourquoi nous demandons aux chefs poli-
tiques du Canada de reconnaître l’urgence du problème et de
s’engager à élaborer des mesures concrètes, notamment des
mécanismes de financement, pour y remédier. En premier lieu,
il faudrait mettre en œuvre les recommandations du rapport
intitulé «À l’appui des écoles de pilotage du Canada » déposé
en avril à la Chambre des communes par le Comité permanent
des transports, de l’infrastructure et des collectivités.
Quelqu’un a déjà dit que les élections n’étaient pas un bon mo-
ment pour discuter des problèmes. Nous sommes totalement
en désaccord avec cette affirmation. Ce défi de taille que doit
relever notre industrie concerne tout autant le Canada. Au mo-
ment où le Parlement ralentit ses activités et que les chefs po-
litiques se préparent en vue des prochaines élections,
l’industrie de l’aviation du Canada veut vous entendre.
Nous avons hâte de communiquer votre réponse à nos mem-
bres et leurs employés.
Nos salutations les plus sincères,
Notre objectif était à la fois de sensibiliser les chefs quant
aux sérieuses conséquences de ne pas agir devant cette si-
tuation critique dans un secteur socio-économique clé au
Canada et les inviter à participer à la solution.
Aucun des chefs n’a encore donné suite à notre correspon-
dance.
Q
John McKenna
| Président et chef de la direction, Association du transport aérien du Canada |
www.linkedin.com/in/JohnMcKenna-ATAC