NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2018
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Texte Richard Saint-George - Photos de l'auteur + collection Martin Forget
COUP DE COEUR
Martin Forget,
pilote de CL215 et plus
Originaire de Shawinigan, ce fringant qua-
dragénaire cumule près de 9000 heures de
vol, dont 1200 aux commandes du légen-
daire Canadair CL215. Père de cinq enfants,
il conjugue avec harmonie, et avec l'appui
de son épouse, vie de famille et pilotage
professionnel.
Rien ne destinait vraiment Martin Forget à deve-
nir pilote. Engagé très jeune par son père dans la
compagnie d'excavation familiale, il apprend à
manier tellement bien une tractopelle qu'on le
surnomme
Pépine
. Un surnom qui lui collera
longtemps à la peau, même dans le milieu de
l'aviation ! Faisant fi des études supérieures, le
jeune homme travaille dur au gré des contrats.
C'est en participant à la réfection de la piste de
Trois-Rivières (CYRQ), vers 1996, qu'il découvre
l'aéronautique. Émerveillé, celui-ci décide ulté-
rieurement de s'inscrire à un cours de pilotage
chez Nadeau Air Service. Nous sommes en 1998.
C'est le regretté Michel Nadeau qui le formera.
Contrairement à son frère aîné ayant également
suivi une formation de pilote auparavant, Martin
abandonne les manettes des excavatrices pour se
consacrer au pilotage professionnel. Licence en
poche, il est engagé par Aviation Mauricie (CSL3).
Pendant quatre ans, il emmène des touristes en
balade à bord de Cessna 206 et Beaver sur flot-
teurs. Cette expérience initiale lui permet de
monter de nombreuses heures hydro. Vient ensuite l'époque
de la Pourvoirie Mirage (LG-4) et de son premier appareil
turbopropulsé : un De Havilland Turbo Otter. Sur skis et sur
flotteurs, durant une année, le Shawiniganais perfectionne sa
technique et engrange de précieuses heures de turbine.
Coup de chance !
Engagé ensuite chez Air Tindi, une compagnie sise à
Yellowknife (CYZF), Martin fait de l'évacuation sanitaire ou
médévac
en Beechcraft King Air 200. Un jour, le hasard ou la
baraka met sur son chemin un pilote de Canadair CL-215.
Ce dernier vole chez Buffalo Airways. Cette compagnie se
trouve tout à côté. Une rencontre avec l'assistant chef pilote
débouche, dans la foulée, par un contrat d'embauche. La for-
mation théorique sur le gros bombardier d'eau dure 2 se-
maines. Incorporée aux équipages en service, la recrue
débute comme copilote. Bilingue (grâce aux 2 ans passés au
Kansas dans sa jeunesse), notre Québécois s'intègre sans pro-
blème. Les années filent avec leur cortège d'aventures dans
le ciel. Comme, par exemple, le jour où Martin a effectué 86
écopages et largages en seulement trois heures et demie.
Mathématiquement, cela revient à une rotation toutes les
2 min 44 s, un ballet incessant à basse altitude entre l'eau et
le feu avec, en prime, force turbulences et moult fumée ! Pour
info, sur un CL-215, la vitesse de
droppage
est comprise entre
105 et 120 kias (194 et 222 km/h) avec un max de 129 kias
(239 km/h). Tout ça très souvent aux grands angles avec une
visibilité marginale, un faible taux de montée (500 pi/min –
2,54 m/sec) et – bien entendu – à pleine charge !
Du Grand Nord à l'Arctique
Martin Forget a également piloté des Air Tractor 802 confi-
gurés pour lutter contre les incendies. Une saison qu'il n'a
pas appréciée, car cet avion ne semble pas vraiment conçu
pour ce type d'opérations. Manquant de portance et très sen-
sible aux turbulences de sillage (lors de vols en formation),
le monoturbopropulsé est réputé dangereux. On répertorie
d'ailleurs plusieurs graves accidents, dont certains ont été
fatals... En revanche, piloter un Lockheed Electra lui ressem-
ble davantage : une première mission dont ce pompier du
ciel s'est acquitté avec brio, cet été, alors qu'il était basé à Hay
River (Territoires du Nord-Ouest) avec femme et enfants ! Car
Marie-Ange, l'épouse de Martin – en plus d'assurer son rôle
de maman à plein temps – se charge de faire la classe aux
3 filles et 2 garçons, à la maison comme en bivouac. Quelle
énergie, mais aussi quel résultat ! Bien éduquée, cette
joyeuse fratrie fait sans conteste honneur à ses parents.
Martin avec son épouse Marie-Ange et leurs cinq enfants : Xavier
(8 ans), Veronica (6 ans), Nathalie (4 ans), Henri (2 ans) et Evelyn (4 mois).
Martin Forget et ses deux fils posent devant un Lockheed 188C.