JANVIER / FÉVRIER 2018
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HISTOIRE
polonais PZL de 600 chevaux, ce qui fait de lui un Super
Beaver! Quelle chance de grimper à bord d’une légende vi-
vante, dont l’habitacle au look inchangé depuis sa construc-
tion en 1953 transpire de toutes les multiples heures de vol
et missions de vol de brousse dans le Grand Nord. En s’ap-
prochant de l’avion, on est frappé par sa taille, la grosseur
de son nez qui abrite son énorme moteur de sept gros cylin-
dres en étoile auquel est fixée une hélice à quatre pales. On
est fasciné par la dimension des roues tout-terrain 36-in
Alaskan Bushwheels, idéales pour la toundra et qui lui don-
nent l’aspect d’un gros jouet. Mais quel jouet! Au démarrage,
le moteur fait tout vibrer, non seulement l’avion en entier et
surtout le capot moteur, mais aussi nos entrailles (je me di-
sais que ça doit certainement faciliter la digestion!). Une
bonne petite boucane d’huile brûlée chatouille les narines et
sème la joie parmi tous. Le bruit? Équivalent à quatre Harley-
Davidson au démarrage. Juste cela, c’est déjà une expérience
à vivre! Le décollage est puissant. La mise des gaz nous colle
contre le dossier du siège. On ne peut que jouir de toutes ces
formidables sensations de vol à bord de cet appareil puissant
et confortable qui monte à plus de 5 m/s (1000 pi/min). Des
seuls quatre Beaver convertis en Super Beaver dans les an-
nées 80 par la compagnie Airtech, GBUL (un Mark 1) reste
sans doute le seul au monde à être muni d’un moteur PZL
de 600 chevaux (dont on peut trouver des exemplaires neufs
encore aujourd’hui à bon prix d’après son pilote). Construit
en 1953, C-GBUL reçut le numéro de série 588, puis fut livré
à l’US Army. De décembre 1971 à février 1976, il fit partie
de l’US Air Force, pour ensuite revenir au Canada, au
Manitoba. C’est en 1985, à Peterborough en Ontario qu’il fut
transformé en Super Beaver avec un moteur polonais PZL-
3S. Pour l’Armée américaine, plusieurs transformations de
l’appareil original eurent lieu, notamment le compartiment
à bagages élargi de 56 pouces, les réservoirs en bout d’aile,
dont l’envergure mesure deux pieds de plus que l’original,
les volets électriques et surtout la fenêtre de toit très appré-
ciée du pilote. En 1986, à son retour aux États-Unis, en
Alaska, son tableau de bord sera également modifié dans le
style Cessna. Enfin, en 1988, il revient au Québec servir pour
Air Saguenay et est immatriculé C-GBUL. Après avoir servi à
deux autres compagnies, il est acquis par André Durocher le
16 juin 2003. Propriétaire de plusieurs avions, dont un
Citabria, un Seabee et un Questair Venture, André parle tou-
jours avec affection de son Beaver (affectueusement nommé
son Bull), car il a fait de nombreuses belles expériences de
vol avec lui et on sent qu’il y a un serrement de cœur dans
sa décision de vouloir le vendre.
Remerciements et sources : les Ailes d’époque du Canada, le pi-
lote André Durocher et Wikipédia. Plus d’information à
www.DHC-2.com(taper le numéro de série 588 dans la fenêtre
de recherche).
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Russell Bannock, en 2013, à Hamilton, as canadien
de la Seconde Guerre mondiale, posant devant
le Mosquito du Military Aviation Museum de Jerry Yagen.