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MAI / JUIN 2021 12 À Lafayette, en Louisiane, c’est ainsi que l’on désigne une grande partie des rési- dents. En fait, ce sont pour la plupart les descendants des Acadiens qui furent dé- portés en Louisiane après la conquête britannique de la Nouvelle-France, en conséquence de leur refus de prêter allégeance au souverain anglais. VOYAGES ET ESCAPADES Escale au pays des Cadiens Texte et photos : Marc-André Théorêt | matheoret@mirajet.com J ’ai amorcé récemment un périple vers l’ouest des États-Unis depuis la Floride vers le Québec, soit via un grand détour (dont je vous reparlerai prochainement), lequel m’a conduit à survoler la rive nord du golfe du Mexique, dont notamment la région de Panama City et de Destin, toutes deux bordées d’une eau d’une clarté remarquable. Cette région fera d’ailleurs l’ob- jet d’un article éventuellement. Plus loin, au cours du même vol, j’ai traversé l’Alabama, puis le lac Pontchartrain en Loui- siane, à partir duquel j’ai aperçu brièvement la Nouvelle-Or- léans au sud. Cette fois-ci, j’avais sélectionné Lafayette comme escale en route, histoire de découvrir un autre aspect de la Louisiane et aussi pour m’imprégner du caractère cajun de ce coin de pays. Un peu d’histoire Sans entrer dans les détails, l’endroit était connu à l’origine, vers le milieu du XVIIIe siècle, comme un établissement parmi tant d’autres installés le long de la rivière Vermilion, comme St. Jean du Vermilionville, plus tard désigné tout simplement Vermilionville. Il regroupait alors des Français, des Espagnols et des déportés acadiens. Plus tard, en 1823, lors d’une refonte des paroisses locales, la législature de la Louisiane renomma l’endroit Lafayette, en hommage au marquis du même nom, lequel s’était illustré aux côtés des Américains lors de la Révolution de 1776 et demeu- rant encore de nos jours un héros pour ceux-ci. Quoi y faire L’endroit est, bien sûr, moins connu et populaire que la Nou- velle-Orléans, mais il recèle un cachet qui lui est bien propre, car il est peu visité par les touristes et bien imprégné encore de la culture française. Les gens que j’y ai rencontrés ont tous des histoires de leurs ancêtres à raconter et ils soulignent fré- quemment que leurs grands-parents leur parlaient souvent en français, même si cela avait été interdit par un édit en 1916 qui demeura en vigueur jusqu’en 1968. Un séjour de deux jours est recommandé, idéalement le week- end, car comme je l’ai constaté, il y a peu d’animation les jours de semaine. Le centre-ville recèle de bistros et restaurants ainsi que d’une brasserie à ciel ouvert. À proximité, la cathé- drale Saint-Jean et son vieux chêne âgé d’environ 500 ans mé- ritent une visite. Légèrement à l’écart, ne manquez pas de visiter Vermilionville, un petit village regroupant de nombreux bâtiments de l’époque coloniale, animés par des personnages en tenue d’époque, un peu f inalement comme notre village d’antan de Drummondville! Pour ceux que le bayou et les marais intéressent, rendez-vous au lac Martin, où des excursions en français vous sont offertes. L’expérience que vous en retirerez vous comblera. En f in, si vous avez loué un véhicule, ce que je suggère forte- ment, envisagez de visiter Abbeville et Jefferson Island, deux endroits situés à une trentaine de minutes au sud. Le premier fut fondé par le père Mégret en 1884, un capucin originaire d’Abbeville en France, d’où le nom… Cette petite ville recèle de bâtiments des plus originaux au niveau architectural ainsi que d’un nombre impressionnant de vieux chênes au sein du parc qui orne son centre-ville. Quant à l’autre endroit, soit Jefferson Island, il est situé sur la berge du lac Peigneur et se veut un vivant exemple de ce que pouvait être une plantation aux belles heures des États confé- dérés. La somptueuse résidence qui y est érigée est un ancien pavillon de chasse qui a appartenu à l’acteur Joseph Jefferson, autrefois connu pour son interprétation théâtrale de Rip Van Winkle. Cette maison est entièrement restaurée et accessible pour une visite. Ne ratez pas cette occasion.

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