V24N4

MAGAZINE AIR V36N4 28 Nav Canada affuble aux transporteurs une hausse de 30% Dans l’industrie du transport aérien, tous les intervenants sa ‐ vent à quel point la crise de la COVID ‐ 19 frappe fort. Tous ont subi une baisse drastique de leurs revenus et personne ne sait exactement quand et comment ils en ressortiront. Ce qui est certain, c’est que toutes les compagnies devront s’endetter au risque de compromettre leur avenir. Mais Nav Canada fait ex ‐ ception alors qu’elle a décidé d’imposer des augmentations moyennes de 29,5 %. Nav Canada justi f ie sa décision dans un document de 12 pages, intitulé « Préavis de redevances révisées ». Personne n’a l’in ‐ tention de réfuter les chiffres de ce document et le fait que Nav Canada est maintenant dé f icitaire. En fait, bien des transpor ‐ teurs lui souhaitent la bienvenue dans ce qui est leur réalité depuis des années. Mais ce qui dérange les opérateurs, c’est la décision de Nav Canada de simplement leur transférer la fac ‐ ture. De plus, ils n’ont aucune voix au chapitre et l’augmenta ‐ tion leur est imposée. Pour bien des transporteurs réguliers régionaux, c’est une augmentation de l’ordre de 750000 $ à 1000000 $. A f in de dorer la pilule, Nav Canada propose d’étaler le paie ‐ ment des augmentations sur une période de cinq ans. Or, le co ‐ propriétaire de Pascan Aviation, M. Julian Roberts, explique que cela lui est très peu utile; les contrats les plus importants de Pascan Aviation comportent une clause limitant les aug ‐ mentations annuelles. Ces dernières sont plafonnées au taux d’in f lation annuel qui est en général sous les 2 %. Mais M. Roberts craint par ‐ dessus tout que la décision de Nav Canada incite d’autres intervenants à faire de même. De pos ‐ sibles augmentations des tarifs aéroportuaires viennent en tête de liste de ses préoccupations. Le plus exaspérant pour M. Roberts, c’est que Nav Canada peut également forcer les com ‐ pagnies à payer; la loi permet à Nav Canada de suspendre les services de navigation à un transporteur en retard dans ses paiements. L’autre gros problème, c’est que les transporteurs ont beau ‐ coup moins de passagers qu’avant. Cela veut dire qu’il faut ré ‐ partir les augmentations sur un plus petit nombre de passa ‐ gers. Avant la COVID ‐ 19, les passagers se plaignaient déjà du prix élevé des billets. Re f iler la facture aux passagers risque de diminuer encore plus l’achalandage. Le vice ‐ président exécutif et chef de l’exploitation d’Air Inuit, M. Christian Busch, n’en revient pas de cette augmentation. Ce transporteur autochtone livre des denrées de base qui sont es ‐ sentielles aux petites communautés nordiques. L’augmenta ‐ tion se répercutera dans le prix des aliments de base tels que le lait, les fruits et les légumes. M. Busch s’interroge sur la vo ‐ lonté réelle de Nav Canada de réduire ses dépenses. Depuis le début de cette crise, tous les intervenants du trans ‐ port aérien réclament une aide spéci f ique pour cette industrie. Jusqu’à ce jour, le gouvernement canadien continue de faire la sourde oreille aux demandes de l’industrie. Par sa décision, Nav Canada se désolidarise de ses partenaires et brise le front commun. Elle réduit ainsi les chances de succès de l’industrie face à un gouvernement qui lui est insensible. Mais surtout, elle met encore plus en péril les entreprises qui se battent tous les jours a f in de survivre. Les salaires et autres avantages f i ‐ nanciers élevés des membres du C. A. de Nav Canada soulèvent bien des interrogations dans l’industrie. Le conseil d’administration de Nav Canada n’a de comptes à rendre à personne dans l’industrie du transport aérien. Il n’est redevable qu’au ministre et encore. En choisissant de re f iler la facture aux compagnies aériennes, les administrateurs ont choisi la voie de la facilité. Tout cela sans se soucier du futur de l’industrie dont ils dépendent entièrement. Dire que la décision de Nav Canada ne passe pas auprès des compagnies aériennes est un euphémisme. La crise actuelle pousse bien des administrateurs dans leurs derniers re ‐ tranchements; une situation exceptionnelle requiert des ac ‐ tions hors de l’ordinaire. L’automne pourrait nous réserver bien des surprises. Chronique d’André Allard NAV CANADA reconnaît que cette augmentation survient à un moment où ses clients se trouvent également dans des cir ‐ constances exceptionnellement dif f iciles en raison de la pan ‐ démie de COVID ‐ 19. Avant de proposer cette mesure tarifaire, NAV CANADA a exa ‐ miné activement toutes les solutions de rechange possibles, y compris l’aide gouvernementale, et elle continuera de les étu ‐ dier et de les utiliser a f in de réduire au minimum ou d’éviter l’augmentation proposée. Malheureusement, il n’est toutefois pas possible de compenser intégralement le manque à gagner ainsi que les rentrées de fonds réduites, en raison de nos coûts f ixes élevés. L'impact des événements du 11 septembre et du SRAS (2001 ‐ 2003) sur nos revenus du tra f ic aérien a nécessité des aug ‐ mentations de tarifs totalisant 24 % au cours de cette période. L'augmentation proposée aujourd'hui est proportionnelle aux augmentations historiques. Réponse de NAV CANADA

RkJQdWJsaXNoZXIy NDY5MjU=